De loin la rando la plus difficile de notre séjour : 11km pour 1600m de dénivelé positif…
Des chemins de crêtes renversants, des paysages à couper le souffle, mais aussi quelques moments d’épuisement difficiles à gérer 🙂

Le réveil pique ce matin à 5h, mais avec l’expérience des précédentes randos et le programme costaud d’aujourd’hui, démarrer à la fraîche n’est clairement pas une option !
Chloé s’y prépare mentalement depuis 2 jours, elle sait que ce sera difficile. Alors plus on en fait avant que le soleil nous tape dessus et mieux ce sera 🙂 !

Belle surprise au départ, notre hôte nous a préparé un petit dej bien copieux dans un doggy bag, et on attaque donc la marche à 5h45. La première partie se fait très bien même si ça grimpe. Ne pas souffrir de la chaleur fait toute la différence.
Nous sommes souriants, blagueurs, et prenons le temps d’admirer le paysage très vert du fond de vallée.

Nous croisons une seule personne vers 9h30, une mamie bien chargé qui marche en sens inverse (elle descend). Elle est assise sur un rebord, fait une pause, enlève ses chaussures. Nous penserons à elle régulièrement dans la journée se demandant depuis quel “village/case” elle pouvait bien venir aussi tôt, seule à son âge…

C’est à partir du village de Santa Isabel qu’on commence à rentrer dans le dur, comme on dit…

La dernière monté est vraiment raide, on marche depuis 4h, le soleil vient nous tenir compagnie, on a les jambes coupées et… on a fait que 800 m de dénivelé, soit tout juste la moitié des 1600 annoncés !!

On fait une pause dans un des rares coin d’ombres que nous trouvons. Il nous faut bien 30 minutes avant de repartir. Je sens que Chloé commence à broyer du noir et à sentir ses limites physiquement. La connaissance de ce qu’il reste de chemin à parcourir ne l’aide pas à positiver. Elle répète en boucle “putain on n’a fait que la moitié !”
Et pourtant on en est déjà là :

Nous repartons tout de même plus détendus. Il faut dire que le groupe de villageois qu’on a croisé 100 m plus bas en train de casser des cailloux à la pioche en pleine chaleur un dimanche matin nous aide à relativiser…

Ca monte, ça monte encore et toujours, sur des sentiers, des chemin de crêtes… Mais les paysages sont grandioses, impressionnants, à couper le souffle. Des points de vues sur plusieurs vallés.

On essaye de deviner le col à atteindre mais il nous semble encore tellement loin. On n’en voit jamais le bout et Chloé craque, elle n’en peut plus, elle balance le sac… Bon, je crois qu’une pause s’impose maintenant tout de suite !
A l’ombre d’un grand arbre, on entame une partie de YAM qui sera ressourçante pour tout le monde.

Quand nous repartons, nous croisons 3 hommes et 2 ânes qui descendent en sautillant et en claquettes ! Ils sont tout joyeux tout souriants (un peu comme nous au départ…). Et là un sentiment paradoxal nous envahit : on est là en train de randonner, de galérer, de souffrir, mais on l’a choisi, alors que pour eux, c’est juste leur quotidien… Un mélange de culpabilité et de relativisme… Mais leurs sourires nous font du bien, quelques mots échangés en langue des signes aussi.

Pendant quelques kms, nous partageons notre chemin avec une femme (elle aussi en claquettes), un sac de graine sur la tête et un parapluie pour se protéger du soleil ! Et rapidement, alors qu’elle fait autant de minis pauses que nous, elle tend son parapluie à Chloé, en lui signifiant l’importance de se protéger du soleil. Cet élan de générosité fini de nous bouleverser, surtout Chloé, à fleur de peau dans l’effort.

Elle craque à nouveau, cette fois-ci avec quelques larmes. Je la rebooste en faisant un parallèle avec mon expérience du marathon, le fameux 30ème km et le sentiments de fierté à la fin ! Elle, pense à son accouchement sans péridurale, le cap de désespérance…

La fin de la randonnée se fait dans une forêt de pins, changement brutal de paysage et de climat (il fait presque frais et on est toujours à l’ombre).
Et enfin c’est l’arrivée à
Pico Da Cruz, heureux mais vraiment pas frais !

Dans ce minuscule village d’une dizaine de maison, nous trouvons vite notre logement du jour “Chez Manuela”. Notre hôte n’est pas très bavarde et souriante (et la barrière de la langue n’aide pas) et le logement ressemble à un refuge de randonneurs avec douche froide et décoration artisanale. Mais nous l’avons quand même apprécié cette douche, et les lits quel plaisir !

Après un petit temps de repos bien mérité, nous partons s’assoir à la place du village où les hommes sont en train de jouer aux cartes. Nous prenons place non loin d’eux, et commençons une partie de “bataille corse” (et oui, pas de réseau, lecture d’une heure déjà faite, on retrouve des joies d’enfance 🙂 ). Ici, il y a une place centrale dans tous les villages où les hommes jouent aux cartes, et les enfants avec trois fois rien (ici des voitures confectionnées en canettes) ! Petit à petit, un homme s’approche de nous et nous observe. On tente de lui expliquer les règles avec des gestes… pas facile. Puis très vite, d’autres hommes s’approchent de nous. Pour partager des choses simples, on dessine notre famille pour leur expliquer qu’on a 2 enfants. Puis le premier homme à s’être approché prend mon livre et commence à déchiffrer, en essayant d’associer des mots français et portugais pour voir si cela veut dire la même chose. En voyant son plaisir, sa motivation à la lecture, Chloé lui donne son livre qu’elle vient de finir. Les yeux plein de larmes, il la remercie et nous souhaite du bonheur pour notre famille. Que d’émotions ! Nous imaginons avec plaisir ce livre passer de mains en mains dans ce village.
C’est tellement pour des moments comme ça qu’on aime voyager !

A deux pas du petit village, une petit marche de 20-30 minutes permet d’atteindre le sommet. Chloé reste se poser mais moi j’y vais, jusqu’au bout !
Et je ne suis pas déçu du panorama au dessus des nuages…

On hésite encore demain à faire la randonnée initialement prévu (même dénivelé qu’aujourd’hui, mais en descente) ou raccourcir la rando et prendre un collectivo… On verra demain au reveil !

Le repas sera très simple, dans la cuisine de Manuela, accompagnés de 2 allemands avec qui on parle anglais. Ils nous conseillent à notre retour sur Sao Vicente d’aller sur la plage à côté de l’aéroport pour voir les tortues. C’est noté ! 🙂

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