Après 2 premières semaines bien denses, on continue notre descente vers le Sud : une petite pause plus tranquille à Arequipa, 3 jours de trek dans le Canyon de Colca, puis la découverte très authentique du lac Titicaca.

Hier soir, dans un petit resto pizza avant de partir, on a rencontré une sympathique famille française, ah non pardon Suisse, mais qui parle français et qui sont également en tour du monde pendant un an ! Comme d’habitude, ce sont les enfants qui brisent la glace et ne s’arrêtent plus de parler, mais comme ils ont 2 filles de 8 et 10 ans (Marine et Estelle) avec autant d’énergie que nos loulous, ils ont du répondant ! On a accroché tout de suite, autant les adultes que les enfants. On n’a pas trop eu le temps de s’attarder mais, heureuse coïncidence de voyage, on les a retrouvé à la gare et dans notre bus 😁 !
Et ce sera le début d’un petit bout de route ensemble…

Le premier jour, comme après chaque trajet de nuit, nous ne faisons pas grand chose, mis à part prendre un bon goûter et aller voir le coucher de soleil au mirador de Yanahuara. 
Notre logement est très sympa : 2 chambres séparées côte à côte (une enfants et une adultes 😁), sur le toit terrasse avec canapés, table de ping pong et jeu de la rana. Deysi, notre logeuse, est très accueillante et chaleureuse, et on se sentira comme à la maison ! Et comme elle a beaucoup voyagé dans tout le Pérou, elle nous aidera aussi à organiser notre séjour ici et jusque dans la vallée sacrée.

Deysi nous propose d’ailleurs pour le lendemain de faire une visite dans le quartier de Hunter avec Sergio, un ami à elle qui vient de finir ses études de tourisme et qui aide la mairie de son quartier (en bordure de la ville) à développer le tourisme. L’idée était de tester une visite guidée avec lui, qui en plus parle bien le français, et de lui faire un retour honnête pour qu’il puisse l’améliorer. On s’attendait donc à un truc simple et sans chichis, mais certainement à l’accueil qu’on a reçu…

En arrivant sur la place de l’hôtel de ville le lendemain matin, avec nos nouveaux acolytes suisses, on se retrouve face à une délégation officielle – maire, adjoint, responsable du tourisme, maître de cérémonie, photographe… – tous bien habillés et prêts à nous accueillir, devant une toile à photo de la ville ! On a le droit à 15 minutes de discours de plusieurs personnes sur l’importance du tourisme pour la ville, les choses en développement et les efforts des élus, le tout animé au micro par le maître de cérémonie, et qui se termine avec une remise de pin’s dorés aux armoiries de la ville apportés sur un coussin, et qui nous sont remis sous les flash des appareils photos 😅 !! Des vrais stars…

Après cet accueil exceptionnel et riche en émotions, nous partons en taxi jusqu’à un petit village proche où nous visitons un ancien moulin. On nous le procédé authentique – avec un cheval et l’énorme roue en pierre, la farine produite pour les animaux ou pour le tissage – puis on continue la balade dans les champs cultivés, avec rotation des cultures en fonction des saisons, et nous montons sur un pont où passe le chemin de fer qui a joué un rôle important durant la guerre pour relier les terres à la côte. Nous arrivons ensuite au centre du village où nous goûtons notre première chicha (boisson typique d’ici, à base de maïs violet fermenté) et au fameux queso helado (une sorte de glace au lait, spécialité d’Arequipa). Nous reprenons ensuite la route jusqu’à une colline qui offre un point de vue complet sur la ville et sur les volcans alentour. Sergio nous y raconte quelques histoires locales, celle de l’énorme éruption qui a plongé la ville dans le noir pendant des semaines, celle de la sirène qui attire les hommes dans la source d’eau du village, et la tradition des familles du village qui viennent sur ce sommet, lors de la semaine sainte, construire un autel avec des pierres (comme des kerns géants) pour formuler un souhait pour leur famille. 

Enfin, nous terminons la visite par un bon repas à la plus ancienne “picanteria” de la ville, des restaurants traditionnels très populaires, qui rassemblaient déjà à l’époque toutes les classes sociales et où les plats étaient cuisinés dans des grosses marmites en terre cuite. Nous y goûtons aux spécialités de la région, et notamment l’excellent poivron farci, un régal. Parfait pour conclure ce tour très sympa, auquel nous trouvons quand même pas mal de pistes d’amélioration  😁.

En rentrant, nous enchaînons avec la visite du musée Santuarios Andinos, racontant l’histoire de Juanita, une jeune fille de 13 ans momifiée et retrouvée à plus de 6000 m au cœur d’un volcan, dans un état exceptionnel de conservation. Court mais très bien fait, il permet de mieux comprendre les sacrifices dans la culture Inca. 

Le saviez-vous ?

Les enfants sacrifiés étaient choisis pour leur beauté et retirés à leur famille pour être élevés par des hommes de culte en vue de cet événement. Quand le temps était venu – généralement à l’arrivée du phénomène ‘El niño’, annoncé par l’arrivée sur les côtes d’un certain type de coquillages – ils marchaient en procession depuis Cuzco vers le lieu du sacrifice (des mois de marche, 7 dans le cas de Juanita). À l’arrivée, la cérémonie se terminait par une boisson qui plongeait l’enfant dans un coma avant le sacrifice… 3 statuettes accompagnaient la momie : une en or pour le soleil, une en argent pour la lune et une en coquillage pour l’océan. Juanita avait aussi avec elle son cordon ombilical, que les mères gardaient toujours à la naissance, pour pouvoir le donner à manger à leur enfant lorsqu’il était malade…

Le lendemain nous continuons nos visites à 8, cette fois-ci avec le monastère Santa Catalina, avec une visite guidée en français. Le lieu est immense et magnifique, avec ses couleurs rouges et bleues, ses peintures et ses fleurs. Un village dans la ville. Nous nous régalons et apprenons beaucoup sur les modes de vie à l’époque et la fonction des monastères dans la société. Nous y passons 2 bonnes heures !

Le saviez-vous ?

A l’inverse de chez nous, les monastères en Amérique latine étaient exclusivement réservés aux femmes, alors que les couvents étaient pour les hommes.

Le monastère avait plusieurs fonctions (culte, éducation, protection, sociale, économique…) et seules 20% des femmes y venaient pour conviction religieuse. Les familles ayant à l’époque beaucoup d’enfants, il était assez courant d’envoyer une ou plusieurs filles vivre au monastère, pour soulager le budget du ménage et économiser une dot hors de prix…

En y entrant, les femmes devenaient des novices les premières années, et pouvaient ensuite choisir d’y rester en devenant moniales (auquel cas elles ne sortaient plus du monastère et voyaient leur famille à travers un parloir), où d’en sortir pour commencer leur vie adulte. Certaines femmes préféraient cette vie au mariage avec un homme non choisi, d’autres y venaient chercher refuge contre un mari violent… 

Mais dans l’enceinte du monastère, les classes sociales n’étaient pas oubliées pour autant. Les moniales blanches, issues des classes inférieures exécutaient les tâches ménagères et dormaient dans des dortoirs, alors que les moniales noires, issues des classes moyennes à hautes occupaient les fonctions intellectuelle et vivaient dans des chambres individuelles, voire dans des appartements complets construits sur leur budget personnel, accompagnées de leurs servantes (esclaves).

Nous rejoignons ensuite Deysi au marché couvert d’Arequipa, qui nous a proposé une petite visite guidée, en même temps qu’on y achète de quoi cuisiner ensemble une spécialité locale 😁. Loin de l’anarchie des marchés mexicains ou colombiens, cette grande halle construite par Gustave Eiffel (cocorico) est organisée en différentes sections : porc, poulet, abats, légumes, fruits, chapeaux, pain, fleurs, jus de fruits… Chaque section contenant une trentaine de stands vendant la même chose, avec souvent les mêmes produits, la même présentation, les mêmes prix… On a toujours du mal à comprendre comment ils fonctionnent 😅. Comme à notre habitude, on commence par une halte rafraîchissante dans la section jus de fruits, puis on va a la découverte des fruits et légumes d’ici (encore une bonne dizaine qu’on avait jamais vu !) et on s’achète de quoi faire un bon pique nique ce midi.

On quitte le marché à 15h… Autant vous dire que les 4 petits monstres, ils ont les crocs et ils commencent à le faire savoir avec un peu trop d’insistance 😅… On se trouve un petit coin de parc, après à peine 30 minutes de marche et 1275 “j’ai trop faim, quand est-ce qu’on mange !?”, pour un pique-nique digne de ce nom : avocats, tomates, chicharon, olive et orgie de fruits !! Une fraise emportera même la première dent de lait de Kenzo, qui termine donc son existence comme la première dent de Hugo, dans le ventre de l’intéressé… Une petite lettre d’explication en bonne et due forme et hop, l’affaire est dans le sac, et les soles sous l’oreiller 😁!

Et pour notre dernier jour à Arequipa, nous nous lançons donc dans un atelier cuisine avec Deysi, pour préparer… un “Chupe de Ollucco” (recette disponible ici) ! Un des très rares plats sans viande ici… Hugo est trop à fond et participera du début à la fin. Kenzo, lui, en profite pour aller jouer tranquille aux Playmobil et aux Legos 😁.

Un moment de partage très sympa avec elle, à discuter de nos traditions culinaires respectives, de pourquoi on essaie de manger moins de viande (aucune connaissance ici sur l’impact environnemental de l’élevage de bétail, dans un pays qui en consomme à tous les repas…) et de nos façons de voyager. Et pour le dessert, un autre classique d’ici : le quinoa dulce (très similaire au riz au lait, recette disponible ici). Le quinoa se produit énormément au Pérou dans la sierra, au-dessus de 3000 m, alors que le riz se cultive plutôt sur la côte.

Le tout accompagné d’une limonada de hierbas buenas. On s’est régalés !!

Nous terminons ensuite la journée avec nos amis suisses, pour une bonne visite de la ville avec notre guide française d’hier au monastère. On la retrouve à Mundo Alpaca, un musée-magasin gratuit où on pourra découvrir les différentes espèces (lamas, alpacas, vigognes), leurs particularités (par exemple, la vigogne à le poil le plus doux et le plus cher mais doit absolument vivre en liberté sinon son poil change et devient plus grossier…), mais aussi leur donner à manger, pour le plus grand plaisir de nos 4 loulous !

Nous partons ensuite vers un quartier proche du centre, où se sont installés les premiers conquistadors, puis nous visitons la cathédrale (pas si exceptionnelle que ça…), et enfin l’ancien quartier des marchands en contrebas, qui a gardé ses petites ruelles et ses logements en enfilade qui hébergeaient jadis tous les commerçants qui arrivaient par la grande route pour vendre leur cargaison au marché de la ville. Passionnant pour les adultes, plus compliqué pour les enfants qui avaient surtout très envie de jouer tous les 4 😅 ! 

Un rythme assez cool pendant ces 4 jours ici, qui nous a fait beaucoup de bien. Un peu d’école le matin, une ou 2 visites / sorties par jour, pas mal de moments à l’hôtel, à profiter de nous ou à partager avec Deysi, et bien sûr beaucoup de balades et de restos entre copains avec nos complices suisses.

Et après la ville, petit changement vers une ambiance bien plus nature… Le canyon de Colca, pour un treck de 3 jours ! 

Mais arriver jusqu’à là-bas n’a pas été une promenade de santé… Arrivés à la gare de Arequipa vers 11h30, 1h avant le seul bus direct vers Cabanaconde, on nous annonce qu’il est déjà complet (on n’avait pas anticipé mais c’est un week-end prolongé ici : fiesta de los vivos y de los muertos). Activation du plan B, on prend un Collectivo vers Chivay pour en attraper un autre dans la foulée vers Cabanaconde. Mais à cause de la circulation très dense en ce vendredi après-midi, veille de long week-end, notre premier collectivo arrive avec 1h de retard, et on met plus d’1h à faire les 10 premiers kilomètres pour sortir de la ville… On commence à s’inquiéter de rater le dernier colectivo en arrivant à Chivay, et c’est pas l’arrêt forcé d’une demi-heure en plein milieu des montagnes désertiques pour changer une roue crevée qui va nous rassurer 😅 !! Heureusement, les paysages sont magnifiques, et on ne se laisse pas d’y chercher alpacas, lamas et vigognes perdus dans l’immensité… On aura même le droit à un magnifique coucher de soleil derrière les volutes de fumée d’un volcan en éruption ! 

Nous arrivons finalement à Chivay à 18h30, et le dernier collectivo pour Cabanaconde est toujours là, et quasi plein en plus ! Ouf sauvés… Sauf qu’on ne partira finalement que 1h30 plus tard, le chauffeur ayant décidé de faire du chantage à tout le monde pour qu’on paie tous 2 fois plus cher le trajet, pour compenser les 3 places qui sont vides… Nous sommes les seuls touristes à bord et, si pour nous l’effort financier reste minime, pour les locaux c’est carrément du racket ! Mais comme c’est le seul moyen de transport de beaucoup de gens, il finira par avoir gain de cause… Les gens sont dégoûtés et nous un peu choqués de cette pratique malhonnête… On arrivera finalement à destination à 21h30, bien fatigués mais super bien accueillis par notre hôte autour d’un succulent sauté d’alpaca préparé par sa mère 😋.

Il n’y a plus qu’à préparer les sacs, filtrer 5 litres d’eau et dormir le plus possible pour être en forme au petit matin… 

C’est partit pour 3 jours de randonnée dans le 2ème canyon le plus profond du monde !!

Départ du jour 1 vers 8h45 pour 12 km de descente, avec ses 1600m de dénivelé négatif 😅. On part sous le soleil et avec une équipe surmotivée, malgré le petit coup de pression que nous a mis un couple français croisé au petit déjeuner qui nous ont dit avoir renoncé à faire la boucle tellement ce fameux premier jour avait été difficile… Ça promet avec les garçons !

Mais la rando commence bien, ils nous racontent pendant une heure le nouveau dessin animé qu’ils ont vu la veille, puis on se fait une session musique, et on s’invente tous ensemble une histoire… On va à notre rythme, et on ponctue la journée de nombreuses pauses, pour boire, grignoter ou s’étaler de la crème. Il fait bien chaud et il n’y a pas un coin d’ombre sur notre route. Chloé se déguisera en femme du désert avec le doudou de Kenzo pour protéger son visage et son cou !

Et après un dernier arrêt en bord de rivière pour voir des petits geysers, une longue montée et une ultime descente, l’hôtel est enfin en vue ! Ce fut long (6h30), mais les loulous ont super bien marché et on s’en est plutôt bien sortis… Et après une journée de rando pareille, rien de tel qu’un hôtel avec… des bains thermaux en bord de rivière ! 🥳

Un vrai bonheur pour nous et nos jambes fatiguées, dont nous profitons largement, en compagnie de Yaelle et Arthur, un couple corse bien sympa 😁.

L’atmosphère est très zen, juste le bruit de l’eau et du vent (qui a d’ailleurs, d’une petite bourrasque, précipité le t-shirt d’Adrien au fond de la rivière… plus que 2 t-shirts manches courtes ! 😬). Ici pas d’internet, pas de PC, mais trois jours de coupure en nature et pas mal de temps de qualité en famille (baignade, jeux de société…). On s’offrira même une petite baignade nocturne après manger pour profiter des étoiles.

Le lendemain, départ vers 7h45 pour 12km de marche jusqu’à l’oasis de Sangalle, situé également en bord de rivière un peu plus en amont. On pensait donc innocemment qu’on allait faire pas mal de plat, mais pas du tout ! On grimpe 600m de dénivelé pour les redescendre ensuite, et toujours en plein soleil 😅…

On mettra un peu plus de 6h cette fois-ci, avec encore des paysages magnifiques, et assez différents de la veille finalement (une vue différente sur le canyon, une montée dans la végétation, un champ de cactus immense, une jolie cascade…), et avec 2 longues histoires inventées pour les enfants. On arrive idéalement en début d’après-midi pour profiter de la piscine de l’hôtel ! Et nous avons la bonne surprise d’y retrouver Yaelle et Arthur 😁. Et pour couronner le tout, il y a un petit terrain de foot à côté de la piscine, et Arthur se trouve être entraîneur d’un groupe d’enfants à ses heures perdues… Les enfants sont aux anges et joueront jusqu’à la tombée de la nuit ! (Dire qu’on vient de se faire 2 journées intenses de rando à 3000m d’altitude… 😅) Bon par contre une fois la lumière éteinte, tout le monde s’endort en moins de 5 minutes…

Le 3ème jour, on part encore plus tôt (6h30), histoire de profiter de l’ombre le plus longtemps possible sur cette dernière étape, courte mais bien chargée : 5km pour 1600m de dénivelé positif. Ça grimpe sévère… Une bonne playlist d’Aldebert à fond les ballons, et c’est parti pour la montée !

Le soleil se levant derrière la falaise que nous escaladons, on profite de 3 bonnes heures d’ombre, et heureusement, car la dernière au soleil est carrément plus rude ! Mais quelles vues magnifiques qui se succèdent à chaque virage au fur et à mesure qu’on prend de la hauteur. On ne s’en lasse pas ! On arrive au dernier mirador au bout de 5h intenses, puis ce sont 30 minutes de marche au milieu des cultures en étages pour rejoindre notre hôtel. On s’offre 3 ‘menu del día’ bien trop copieux dans un boui boui sur la place centrale, avant une après-midi relax bien méritée, avec film et jeux en famille, et encore un super repas dans la cuisine de la mamá de l’hôtel…

Le lendemain, on voulait aller voir les condors à un mirador bien connu, mais cela nous imposait de payer l’entrée au parc national (cher), ou alors de tenter un autre mirador gratuit mais avec moins de chance d’en voir. Mais comme ils sont en période de couvée (moitié moins de chance d’en croiser), et qu’en plus on galère pour attraper un collectivos, on finit par renoncer et à rentrer directement à Arequipa, où on arrive du coup pas trop tard (14h tout de même en partant à 8h) pour retrouver Marion et Thibaut pour un petit repas de midi ensemble !! On est tous super contents de les recroiser !

Puis on est accueillis à bras ouverts chez Deysi, où on retrouve nos marques un peu comme à la maison. Et le soir, on s’est donné rendez-vous avec une famille française avec qui nous nous suivons sur Instagram, eux aussi en long voyage. On passera un super moment avec eux au resto, à parler de tout et de rien entre adultes et à jouer aux cartes et se marrer pour les enfants !! C’est fou comme ces rencontres sont faciles, simples et géniales. Et ça fait du bien à tout le monde. 

Et en bonus, quelques moments vidéos de nos 3 jours dans le canyon…

On part ensuite vers de nouvelles aventures, direction le lac navigable le plus haut au monde à 3800 m d’altitude : le mythique Titicaca et ses 120 km de long ! Et comme on n’aime pas faire comme tout le monde, plutôt que d’aller à Puno, on a trouvé un logement chez l’habitant dans le petit village de Llachon sur la péninsule de Capachica. Mais forcément c’est moins simple pour y aller : 6h de bus, 15 minutes de tuk tuk, 45 minutes de collectivo, et 30 minutes de taxi… 🥴

Et petit coup de stress quand on réalise que le distributeur le plus proche est à 1h et qu’on n’a pas tiré assez d’argent pour tout ce qu’on veut faire 😬…  mais heureusement nos amis suisses qui logent à 3km de là, ont eux prévu très large et peuvent nous dépanner, ouf !! 😅

Nous logeons donc pendant 3 nuits chez Juana, une jeune femme d’une trentaine d’années, adorable et très cultivée. Ce fût une expérience vraiment géniale, nous avons partagé tous nos repas avec elle, on a pu cuisiner ensemble, elle nous a accompagné durant toutes nos balades, et nous avons tellement discuté avec elle sur tout plein de sujets différents : pollution, religion, mode de vie, agriculture… Les enfants nous ont encore impressionnés sur leurs progrès en espagnol, et ont aussi beaucoup cherché à discuter, partager avec elle, son fils Manuel, et bien sûr son adorable petit chien Ccollpa ! 

Quelques points intéressants discutés avec elle?

  • Chaque famille ici possède un ou plusieurs bouts de terre pour cultiver, parfois à des heures de marche les uns des autres. Ce sont généralement les femmes qui s’en occupent car beaucoup d’hommes travaillent ailleurs (Puno, Juliaca). Ils récoltent pour leur consommation propre, en famille et en communauté : un jour tout le monde travaille pour une personne, le jour suivant pour une autre, etc… Grâce à ces cultures, ils ont été moins impactés par le Covid car autosuffisants. 
  • Ils mangent une grande majorité de plats végétariens, et lorsqu’ils mangent un animal (mouton, poulet, truite…), il est très important pour eux d’utiliser toutes les parties et de ne rien gaspiller. de l’animal. Quand un mouton est tué par exemple, ils partagent toujours avec d’autres familles… 
  • La plupart de femmes donnent naissance à la maison, avec une “matrona”, car beaucoup ne veulent pas qu’un autre homme ne les touche ou ne les voit.
  • Il ne pleut que quelques mois dans l’année et pour les 8 mois qu’il reste, il n’y a pas de système d’irrigation. L’eau du lac est selon elle très polluée et pas très bonne pour les cultures, alors que 30 ans auparavant elle était même potable ! Mais des années d’exploitation des minerais en amont des fleuves qui se jettent dans le lac, ainsi que le rejet direct des déchets et des eaux usées ont bien changé la donne… De nombreuses études ont été faites par des organismes étrangers, et des solutions ont même été proposées (la totora, le réseau présent sur les bords du lac, pourrait être planté en abondance sur tous les bord, car absorbe naturellement la pollution) mais les grosses entreprises et la corruption l’emportent toujours… On lui raconte les systèmes de récupération de l’eau de pluie qu’on a en France… mais encore faut déjà réussir à lui expliquer ce qu’est une gouttière 😅 !  
  • Quant à la religion, tout le monde est baptisé (quasi obligatoire), mais beaucoup ont conservé leurs croyances et leurs pratiques ancestrales (comme les offrandes et sacrifices à la Pachamama par exemple). Le christianisme a été rendu plus ou moins obligatoire par l’État et il y a des cours de catéchisme à l’école… Mais chez soi, chacun fait ce qu’il veut…

Le premier jour, nous avons fait une rando sur les hauteurs de Llachon pour avoir une jolie vue sur le lac, les îles et la Bolivie au loin. Les sentiers sont ceux qui relient les nombreux champs, et nous pouvons voir toutes ces femmes en tenue traditionnelle en train de cultiver ou de s’occuper des moutons. Au sommet, il y a un puits sacré pour des cérémonies deux fois dans l’année (sacrifice de fœtus de moutons et offrandes de graines et de feuilles de coca…). On finira la journée sur la plage avec un peu de foot pour les garçons, et un coucher de soleil complètement magique…

Le lendemain, on part en bateau à la découverte d’une des fameuses îles Uros, les îles flottantes faites de roseaux. Le président de l’île nous explique comment elles sont fabriquées : ils récupèrent des gros blocs de terre pleins de racines de totora qu’ils attachent ensemble à l’aide d’une corde, puis ils empilent les couches de tiges de totora coupées, dans un sens et dans l’autre. L’île fait environ 2 mètres d’épaisseur et tous les 15 jours ils remettent une couche pour compenser ceux du dessous qui se transforment en terre petit à petit. Et il leur faut pour cela soulever chaque maison pour étaler le totora dessous. Comme elles sont très légères, 5 hommes suffisent à en déplacer une.

Une fois partis, Juana nous dira que depuis environ 30 ans ces communautés Uros ne vivent plus vraiment sur les îles comme c’était le cas avant (où ils y passaient 100% de leur temps, migrants d’un bout à l’autre du lac au gré des vents, et faisant du troc avec les différents villages). Le gouvernement leur a octroyé des terrains sur les côtés pour faciliter l’accès des enfants à l’école, mais cela n’a pas eu l’effet escompté… C’est finalement le projet gagnant d’une maitresse à un concours qui a permis de créer une école sur une des îles et permit à la centaine d’enfants de la communauté d’accéder à l’éducation. 

On répète ensuite la fin d’après-midi de la veille, avec un petit foot et coucher de soleil sur la plage pour les hommes, pendant que Chloé apprend à cuisiner le Ceviche avec Juana (recette disponible ici😋

Et il est l’heure de quitter cette femme merveilleuse pour aller à la rencontre d’une autre famille du lac, cette fois sur l’île Amantani… 

Après un collectivo haut en couleurs (avec les chapeaux traditionnels de toutes les femmes qui vont au marché) et un bateau, nous débarquons sur un petit ponton de l’île, où Vanesa nous conduit jusqu’à chez elle. Elle vit ici avec son frère, ses 2 sœurs et ses parents. Nous partagerons notre temps avec Clémentine et Guiled, un couple franco-israelien en voyage et accueilli comme nous par la famille, avec qui nous échangeons beaucoup, autant nous que que les enfants. La petite sœur de Vanesa, Melissa, a 9 ans et un goût bien développé pour le football, qu’elle mettra en pratique avec les garçons, entre deux balades et trois parties de cache-cache… Et son frère, en fin d’adolescence, passe une bonne partie de son temps à s’occuper de Oslo, un bébé mouton rejeté par sa mère qui ne veut pas le nourrir. Là aussi, les garçons en profiteront un max 😁

Nous nous sentons très bien ici, mais ils sont plus réservés que Juana et il aura été un peu plus difficile d’échanger véritablement avec eux. Mais on a adoré leur sourire et leur joie de vivre si communicative !

Après manger, on part pour une bonne balade jusqu’au sommet de l’île, où se trouve le temple rond de Pachamama (la terre mère, la nature, le féminin) et le temple carré de Pachatata (le spirituel, l’immatériel, le masculin). En chemin, il y a l’inauguration d’un nouveau musée sur la vie de l’île et du lac, petit mais beau et passionnant !

Au sommet, nous avons encore le droit à un couché de soleil magnifique…

Le soir après manger, petite surprise de nos hôtes, qui nous proposent de vêtir des tenues traditionnelles, puis d’allumer un feu dans la cour et de danser tous ensemble ! Hugo est ravi et enjoué, mais la journée a été bien longue et c’est plus difficile pour Kenzo qui est est bien fatigué. On est tous beaux et colorés, même si Chloé ressemble plus à une fille de l’est (Russie) qu’à une péruvienne 😅… Et nous passons un excellent moment simple et jovial, de partage avec eux, avec ce sourire toujours aussi présent.

Et pour notre dernier jour, nous partons cette fois-ci avec le papa, pour une petite balade sur le chemin des incas, jusqu’à une jolie plage de galets. La légende raconte que le premier inca serait sortit du lac pour venir sur cette plage, s’assoir sur un grand rochers avec se femme et ses fils, et observer le soleil se lever et se coucher. Ils seraient ensuite partis vers Cuzco pour fonder leur civilisation.

Nous passons un temps tous ensemble à faire des ricochets – les premiers pour Kenzo, trop fier !
Puis dans l’après-midi midi nous repartons direction Puno avec 3h de bateau. Kenzo et Hugo auront un peu de mal à dire au revoir à Mélissa… Mais que c’était beau de les voir jouer et discuter tant bien que mal en espagnol avec elle. Ils ont même essayé de lui apprendre quelques mots de français 😅!

 

Nos conseils si vous allez dans ce coin :

  • Arequipa :
    • Logement Posada Cleofe (chez Deysi, un logement simple mais bien placé, et surtout avec une hôte en or !) => +51 999 315 599
    • Restaurants : La Despensa pour le goûter, Kao Thaï & Peruvian cuisine pour le soir
  • Canyon de Colca :
    • Hôtel Pachamama à Cabanaconde, avec le repas du soir délicieux
    • Llahuar lodge à Llahuar, juste pour les thermes d’eau chaude après la rando (logement et repas pas ouf)
  • Titicaca :
    • Loger à Llachon plutôt qu’à Puno (et surtout pas à Juliaca), on vous conseille fortement chez Juana => +51 962 323 630

Cet article a 3 commentaires

  1. Mireille Hamard

    Je vous suis sur Instagram mais vos blogs me permettent de mieux comprendre les pays traversés . Toujours aussi sportifs les amours . Merci et gros bisous 🥰🥰🥰❤️.

  2. Manou

    Bonne idée les recettes que je testerais!
    Si on pouvait avoir aussi celle de la limonada herbals buenas!
    Trop fan du Pérou et de vos rencontres…

  3. Les Bernhards

    J’avais oublié l’épisode du T-shirt !!! 😂
    Magnifiques vos photos !
    C’est vrai que Chloé fait un peu plus russe que péruvienne 🙃🤦🏼‍♀️😂

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